PRESENTATION GENERALE

 

La Psychologie des Profondeurs est la science du psychisme dans sa totalité, l'activité consciente ou apparente n'en étant que la partie émergée.

Son existence est cependant attachée essentiellement à une composante du psychisme : la capacité à l'Erreur. L'individu doué de Conscience est en effet doté par-là d'une aptitude à acquérir et à conserver un style de vie qui nuit à son intérêt supérieur, se traduisant par un mal-être plus ou moins prononcé.

L'objectif ultime de la Psychologie des Profondeurs est la correction de l'erreur établie, par la définition d'une psychothérapie (ou culture), personnelle ou assistée, la plus efficace possible quel que soit le cas. Par extension, elle se soucie de ce qui, dans l'éducation des enfants, génère l'erreur. C'est donc une science qui a un but très fort : contribuer au mieux, sur le plan psychique, à la joie de vivre des hommes.

Pour servir ce but, elle cherche, comme toute science, à bâtir une théorie à la fois simple et exhaustive qu'elle confronte à l'expérience, en mesurant les effets de la psychothérapie associée. La théorie inclut la description des fonctions psychiques de base, des tensions innées qui orientent le comportement en profondeur (pulsions), des facteurs extérieurs (environnement), de la nature de l'intérêt supérieur de l'individu (Esprit, Joie-de-vivre, Sens de la Vie), de la structure et des mécanismes d'activité de l'Erreur et des mécanismes de correction de l'Erreur, pour soi et dans une relation d'aide.

En outre, l'objet de la Psychologie des Profondeurs a interpellé l'Homme depuis l'apparition de celui-ci. Quoique jeune, elle repose ainsi aussi sur le socle des témoignages millénaires de l'esprit humain, qu'elle incorpore dans sa forme moderne d'expression.

 

Psychologie des Profondeurs et Psychologie

Bien que ces deux sciences aient "psychologie" dans leur intitulé et outre le fait qu'elles traitent toutes deux de mécanismes psychiques, elles ont assez peu en commun.

La Psychologie ("tout court" ou "Générale" et "Expérimentale") est dirigée suivant une approche "mécaniste" de l'activité psychique, laquelle consiste à considérer la psyché humaine comme un processus physique en boîte noire, que l'on doit évaluer de l'extérieur, en associant les stimuli à l'entrée et les réactions en sortie, traitées par les statistiques. Cette approche la pousse naturellement à chercher des prolongements dans les mécanismes cognitifs et le fonctionnement organique du cerveau, par exemple. De manière générale, elle mesure beaucoup et construit peu.

Ayant repoussé l'introspection comme "non-scientifique" - car appliquée au sujet par le sujet lui-même, et impossible à traduire en termes "réputés" scientifiques comme les statistiques - elle s'est placée hors de portée des lois essentielles du comportement, objet de la Psychologie des Profondeurs.

 

Psychologie des Profondeurs et Psychiatrie

La Psychologie des Profondeurs est née dans le milieu psychiatrique, mais - comme souvent - sur l'initiative d'individus en marge de ce milieu et de ses "autorités".

Pour ce que nous en savons, la Psychiatrie a longtemps consisté à inventorier et classer les pathologies graves et à "traiter" les patients par l'enfermement ou avec des assommoirs, chimiques ou autres.

Ces temps semblent maintenant révolus et, conjointement avec une prescription plus discernée des médicaments, de plus en plus de praticiens sont à même de conduire une psychothérapie efficace. Leur patientèle - même s'il reste à faire pour dédramatiser la démarche - tend logiquement à s'étendre vers les individus dits "normaux".

 

Psychologie des Profondeurs et Philosophie occidentale

Psychologie des Profondeurs et Philosophie peuvent être considérées comme ayant une identité d'objet. Ceci est en fait surtout vrai pour la part de la Philosophie conforme à l'étymologie du mot : "amour de la sagesse", celle de Socrate et Platon, des Stoïciens et des Epicuriens, et représentée à des degrés divers jusqu'à nos jours, notamment avec Montaigne, Spinoza, Rousseau, Nietzsche, ...

Cela l'est moins pour d'autres aspects de la Philosophie, qui, bien qu'intellectuellement passionnants, ne présentent pas d'intérêt majeur pour le bien-être de l'Homme, et permettent d'ailleurs qu'un philosophe brillant intellectuellement soit un homme très moyen psychologiquement. Ceci concerne les spéculations métaphysiques, les théories politiques matérialistes, les théories de la connaissance, les théories associées aux sciences dites "exactes", etc...

Il importe peu à la Psychologie des Profondeurs, par exemple, de savoir si elle peut définir exactement ce qu'est un "arbre", ou plus encore ce qu'est un être en tant qu'être, dans son en-soi. Elle n'a pas, autre exemple, de raison de douter qu'une montagne reste, en quelque réalité, là où elle est dans l'hypothèse où toute conscience humaine disparaîtrait, mais cela ne présente pas grand intérêt pour elle. La charge de sens - délivrée par l'Esprit, qui est au-dessus de l'Intellect et des mots - est tout ce qui satisfait son propos.

 

Psychologie des Profondeurs et Religion

Les mythes et textes fondateurs des religions ont pour but l'éducation psychologique profonde, basée sur des images symboliques. Ils ont donc une identité d'objet - mais non de méthode - avec la Psychologie des Profondeurs.

Dieu est un symbole, émanant de la psyché humaine, le symbole du mystère de l'existence de la Matière et de la Vie et des lois qui les gouvernent.

Des hommes, tout à fait humains mais exceptionnels, ont approché l'infinie sagesse - réalisation (incarnation) idéale des lois de la vie consciente - et ont choisi d'en communiquer la nature et la voie : Bouddha, Lao Tseu, Jésus de Nazareth, ...

Concernant le Christianisme, toutefois, la diffusion de cet enseignement au sein des peuples a connu d'importantes déviances :

Dans une large mesure, le sens symbolique a été perdu, pour une lecture au premier degré des textes. Dieu a été personnifié, sous forme d'un pur esprit omnipotent, auquel il faudrait obéir par contrainte. La question insensée - car croire n'est pas savoir - de la croyance en son existence en tant que tel a été posée comme préalable absolu.

A la recherche stimulante de la Joie-de-vivre, qui est l'éthique, s'est ainsi substituée la moralisation, coercitive et donc incomprise. L'enseignement par amour de l'autre et relation maître - disciple a laissé la place au prosélytisme et à l'incantation.

L'introspection à la recherche du sens de la vie en soi a laissé la place à la superstition : à la méditation s'est substituée la prière destinée à modifier favorablement le cours des événements extérieurs. A l'atteinte du sens éternel de la vie en soi, et de la libération conjointe de l'angoisse du temps qui passe, s'est substituée la perspective de survivre indéfiniment à la mort en tant qu'individu, etc...

Ceci n'entache malgré tout en rien la portée des témoignages originels, et la philosophie judéo-chrétienne reste une production majeure de l'esprit humain.

Le Bouddhisme, à juste titre qualifié à la fois de "religion", "philosophie" ou "psychologie", en est une autre. Il a en outre - à l'exception notable de la croyance en la réincarnation (réelle) - évité nombre des écueils énoncés ci-dessus, son essence psychologique étant explicite, avec une symbolique généralement limitée à la parabole simple.

 

Psychologie des Profondeurs et Matérialisme

Le Matérialisme est un dogme qui s'oppose radicalement au dogme religieux. Et il le dépasse en nuisance, n'ayant aucune base spirituelle et n'offrant même pas de "tuteur" psychologique tel que peut constituer la croyance en un dieu personnifié.

Il consiste à croire que la Vie n'est qu'un épiphénomène de la Matière et qu'elle peut être à terme décrite par les lois de la Physique. L'amour maternel déduit des équations de l'électrodynamique, en quelque sorte.

L'erreur, vanité de faire de son intellect l'égal de la Nature, a pour base non l'hypothèse qu'il n'y a pas dans la "matière vivante" d'éléments qui ne se trouvent dans la "matière inerte", ni qu'en remontant vers des temps reculés ces deux matières se rejoignent. Elle a pour base la croyance que ce que l'Homme sait de la Matière EST la Matière.

C'est indéfendable et aucun grand scientifique n'a été matérialiste. Matière et Vie sont issues indissociablement d'un même Mystère, à jamais insondable pour l'Homme, déjà dépassé par la seule question de la "naissance" de l'Univers, big-bang ou pas.

 

Psychologie des Profondeurs et Autres

L'objet de la Psychologie des Profondeurs étant depuis toujours la question essentielle pour l'Homme, de nombreux autres domaines de la pensée ont avec elle un rapport direct net.

S'y trouvent bien sûr la Psychologie du travail (A. Maslow, ...), l'Analyse Transactionnelle, la Sociologie, ...

En outre, de nombreux essais contribuent à diffuser - avec des qualités inégales, mais le mouvement est globalement positif - des éléments de Psychologie des Profondeurs en relation avec des problèmes de la vie courante.

Dans la littérature classique, les fabulistes, les pourfendeurs de la vanité tels La Rochefoucauld et La Bruyère, certains poètes, traitent avec verve de psychologie. Ils trouvent aussi à notre époque de dignes successeurs.

Le théâtre, de manière générale, a un contenu psychologique fort. Globalement, les grandes œuvres de fiction doivent souvent cet adjectif à leur portée psychologique.

 

Commentaires

* La tendance, depuis quelques décennies, des sciences humaines à singer les sciences dites "exactes" ne s'oppose à rien tant qu'à la Psychologie des Profondeurs.

A l'origine, l'introduction d'une certaine rigueur méthodologique dans l'expérimentation et son exploitation a permis, dans certaines matières, de limiter les développements bancals et les conclusions hasardeuses.

Réduire toute chose à ces méthodes expérimentales simples n'est en revanche que facilité nuisible (simplisme). On y trouve d'ailleurs souvent derrière la vanité, en général connotée de matérialisme, d'être détenteur de la rigueur, du sérieux, de la Vérité la plus pure, face aux amateurs approximatifs. Cette vanité existe aussi au sein même de la Physique où des "théoriciens" considèrent avec condescendance les expérimentateurs.

"Il vaut mieux avoir à peu près raison qu'exactement tort". Autrement dit, il vaut mieux traiter approximativement de choses sensées qu'exactement de choses inutiles. La seconde façon est d'une grande facilité. 3 est incontestable, 28 aussi, comme 15786, ... N'est incontestable que ce qui n'a aucun sens, quel qu'en soit le prétexte ou l'habillage.

* Au contraire, tous les grands Physiciens ont développé parallèlement une démarche philosophique profonde et montré une vie spirituelle, voire mystique, riche. Dans l'Antiquité, et encore chez les Alchimistes du Moyen Age, Ethique et Physique sont distinguées mais étroitement associées. Les opposer est une forme moderne de l'Erreur.

Nous pourrions ajouter, s'il en était nécessaire, que la totalité des travaux de Physique ayant une valeur, c'est à dire permettant la prédiction d'événements réels, comprennent en leur cœur des coefficients issus de l'expérimentation et des lois empiriques. Par ailleurs, les théories fondamentales, hormis la Relativité Générale (et encore comprend-elle des constantes arbitraires), incluent l'incertitude et même l'indétermination.

* Il est bien évident que, par essence, la Physique dépend de la Nature, qui lui impose des faits. L'Homme aussi fait partie de la Nature, et la Physique - qui ne doit sa justesse qu'à cette raison - émane de l'Homme. Finalement, la Physique est strictement inférieure en extension à l'Homme qui est lui-même strictement inférieur en extension à la Nature. Mettre la Physique devant la Nature est doublement insensé.

* La Psychologie des Profondeurs n'est pas dépourvue d'éléments mesurables de l'extérieur : actes, signes de nervosité, manifestations affectives, vaniteuses ou banalisantes diverses, ... mais ils ne peuvent être mesurés qu'à hauteur du talent psychologique (réel) de l'observateur et sont difficilement traduisibles en chiffres. Des tests permettent en outre de donner des informations sur un profil psychologique. Toutefois, la mesure la plus importante reste, avec la traduction des rêves, pour soi, le ressenti personnel, dans une relation d'aide, l'expression de ce ressenti.

La Psychologie des Profondeurs est éminemment porteuse de Sens et peu réductible à des chiffres. La simplicité (dans l'utilité) n'y est pas synonyme de facilité.

* Ceci a pour autre conséquence qu'elle est peu adaptée au système éducatif général, tant dans le mode de nomination des enseignants que dans l'évaluation des élèves. Ceci est vrai pour la filière scientifique, mais aussi pour la filière philosophique et littéraire, où le savoir livresque, l'activité intellectuelle dérivée et l'ancienneté suffisent pour progresser dans le système.

Pour enseigner utilement la Psychologie des Profondeurs, il faut avoir avancé beaucoup sur la voie de la sagesse et apprendre est y progresser. Le savoir théorique n'en est qu'une image, sans valeur en soi.

C'est pourquoi, faute d'inventer une forme révolutionnaire d'enseignement au sein du système éducatif général, la relation Maître - Apprenti en dehors de ce système reste la moins mauvaise voie actuellement.

* Il n'y a en fait pas de frontière entre le normal et le pathologique en matière psychique et la distinction radicale entre eux est donc une erreur.

* Mentionnons comme digne de la référence à Socrate l'oeuvre philosophique moderne de Krishnamurti.

 

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